Selon les données de l’INSEE, en 2010, les femmes assuraient 64 % des tâches ménagères et 71 % des soins aux enfants.
Elles doivent penser à tout en permanence, assurer le bon fonctionnement du foyer à tout moment.
La « charge mentale« , ou syndrome de la femme épuisée, touche davantage les femmes que les hommes. Mais comment y faire face ?
La vaisselle est faite, les cahiers des enfants sont signés, le loyer est payé, il y a une bouteille de vin dans le frigo en cas de visite imprévue. En fait, tout va bien. …… Comme la machine à café que j‘ai malencontreusement oublié d‘allumer, ou le fer à repasser qui a brûlé la table à repasser. Vous auriez dû me dire que vous aviez besoin d‘aide« , dit le partenaire.
Si vous êtes une femme dans une relation hétérosexuelle, ce scénario vous semble familier. Les listes sur papier ou dans votre tête font partie de votre quotidien. Même si la répartition des tâches entre mari et femme semble plus ou moins équitable, vous avez l‘impression de devoir vous organiser en permanence pour assurer le bon fonctionnement du foyer.
Nicole Brace, scientifique à l‘Université Laval de Québec, définit ce phénomène comme « le travail invisible, inévitable et constant de gestion, de planification et d‘organisation pour répondre aux besoins de chacun et assurer le bon fonctionnement du foyer« . Cette charge de travail génératrice de stress touche principalement les femmes qui, en plus de leur travail, sont également responsables du bon fonctionnement du foyer.
La « charge mentale« est un syndrome dans lequel les femmes sont épuisées par le fait de devoir « penser à tout« .
Selon elles, je n‘ai qu‘à dire les choses« .
La répartition des tâches ménagères est l‘un des exemples les plus évidents de l‘inégalité entre les hommes et les femmes dans notre société. Cette inégalité est ancrée dans les fondements mêmes de la famille et ne s‘est guère atténuée au cours des 25 dernières années. Selon l‘INSEE, en 2010, les femmes assuraient 64 % des tâches ménagères et 71 % des soins aux enfants. En 1985, ces proportions étaient respectivement de 69 % et 80 %.
Mais ce n‘est pas cette répartition inégale des rôles qui dérange le plus Cecil. Cette jeune femme de 29 ans, mariée depuis six ans, est « fatiguée de devoir penser à tout« . Lorsqu‘elle en a parlé à son compagnon, elle s‘est heurtée à une tempête de récriminations amères. Il m‘a dit que tout ce que j‘avais à faire, c‘était de m‘en débarrasser« .
Cependant, Cecil en a eu assez de la « liste détaillée des choses à faire« . Il ne comprend pas que, même si je suis fière d‘être indépendante et de faire les choses moi–même, y compris des travaux que l‘on pourrait qualifier de « masculins« (bricolage, réparation de voitures, etc.), ne pas avoir à tout superviser peut être un soulagement. Manon* partage ce point de vue, même si son compagnon s‘occupe de la plupart des tâches ménagères. Il fait beaucoup plus de ménage que moi, mais je dois quand même lui faire comprendre qu‘il doit faire ses tâches.
Responsable des tâches ménagères
Dans une caricature sur le thème de la « charge mentale« , la dessinatrice Emma (dont le livre Un autre regard paraît ce mercredi chez Massot) décrit avec justesse une situation courante dans de nombreux foyers : une femme tellement absorbée par les tâches ménagères qu‘elle fait bouillir la marmite dans le cuiseur de riz. Comme l‘amie de Cecil, cette compagne fictive lui dit. !
Emma conclut. Votre partenaire veut vous demander de faire quelque chose parce qu‘elle pense que c‘est elle qui est responsable du ménage. C‘est donc à elle de décider quoi faire et quand« .
La plupart des commentaires sur la bande dessinée d‘Emma s‘accordent d‘ailleurs sur un point. Les conjoints, consciemment ou inconsciemment, refusent d‘assumer leur part de « charge mentale« et s‘ingénient à mettre leur partenaire en état de surmenage.
Pour maintenir une vie sociale (souvent secondaire) tout en jonglant avec les tâches ménagères, l‘éducation des enfants et l‘emploi (rémunéré), de nombreuses femmes sont obligées de s‘organiser comme des professionnelles. En tant que chef d‘une vraie petite entreprise, je dois m‘occuper de la gestion des stocks, de la prévision des crises (qui s‘occupera des enfants en cas de grève dans les écoles ? En tant que chef d‘une vraie petite entreprise, il faut savoir gérer les stocks, prévoir les crises (qui va garder les enfants si les écoles sont en grève ?) et établir un planning pour prêter à l‘entreprise« , explique François Fatou, ancien membre du Haut Conseil à l‘égalité entre les femmes et les hommes, dans son livre. et si on en finissait avec la ménagère ? sur la répartition du travail domestique entre les femmes et les hommes.
Syndrome de la femme épuisée « Nous sommes responsables de leur infantilisation« .
Pour permettre à son mari d‘assumer pleinement la responsabilité du ménage, cette jeune femme a cessé de lui dire ce qu‘il fallait faire et a augmenté sa « tolérance à l‘égard des choses qui traînent« . Mais maintenant que je ne me plains plus, il n‘y voit plus d‘inconvénient« .
Pour Eva*, qui s‘occupe de la plupart des tâches ménagères pendant la relation et qui « aime gérer sa propre maison« , cette technique est une bonne façon de procéder. Si nous voulons changer la situation, nous devrions donner aux hommes plus d‘espace pour apprendre par eux–mêmes. Ce n‘est pas seulement leur faute, nous sommes aussi responsables de leur infantilisation« . Selon elle, les conjoints doivent s‘adapter à la place qu‘ils occupent dans l‘emploi du temps familial. Cela dépend aussi du fait qu‘ils lâchent prise ou non« .
Une solution qui va dans le sens de ce qu‘écrit Emma dans ses dessins humoristiques. Les hommes, contrairement aux générations précédentes, doivent apprendre à « assumer la responsabilité de leur famille« . Nous voyons les mères prendre en charge la gestion de la maison, tandis que les pères ne s‘occupent que de la gestion de la maison« , explique Emma. Elle souligne également qu‘il est possible de changer cette situation en « n‘étant pas présent à certains moments, en n‘ayant pas à tout préparer, en ne se sentant pas coupable« . L‘inversion des rôles est souvent plus efficace que la confrontation. »
*Nom modifié.
Emilie Tôn / « charge mentale« , syndrome de fatigue où les femmes « doivent penser à tout« .