Au début, Christian trouvait normal que Manon ne veuille pas lui confier sa fille.
Il mettait cela sur le compte des hormones, de l’accouchement et de la relation déjà intime entre la mère et l’enfant qu’elle allaite.
A plusieurs reprises, il s’est senti rejeté et mis à l’écart, alors qu’il aurait aimé tenir plus longtemps la petite Camille dans ses bras.
Leur petite famille a eu beaucoup de chance.
Manon a donné naissance à leur fille à l’âge de 44 ans.
Le couple avait perdu tout espoir, mais ce miracle les a sauvés.
A l’origine, il était prévu qu’ils se partagent le travail et s’occupent tous les deux du bébé.
Christian a travaillé dur pour obtenir de son patron un congé parental de deux mois.
Il avait promis à Manon de la soutenir activement.
Mais depuis la naissance de Camille, tout est soudain très différent.
**** CONTRÔLE DES MÈRES : Quand les pères sont exclus
Sa compagne se retire souvent, et pas seulement pour s’occuper des enfants.
Elle se comporte comme un videur de boîte de nuit, ce qui fait que Christian se sent complètement coupé d’eux deux.
Dès qu’il commence à s’occuper de sa fille, à la prendre dans ses bras par exemple, il entend des commentaires du genre : « Pas la peine de te fatiguer, je m’en charge ».
Au début, Christian fait de son mieux pour rester calme et compréhensif.
Mais après quelques mois de « retrait de l’enfant », il est devenu méfiant et a coupé le contact avec son enfant.
Il s’est senti complètement superflu et n’a plus reconnu sa petite amie.
Toute attention censée la rendre positive et sympathique ne l’aide pas non plus.
Manon a complètement fermé Camille, comme une porte se referme entre un père et son enfant.
S’il n’est plus possible de parler, il s’agit d’un échec de l’attribution du rôle parental.
Après la naissance de l’enfant, Manon a changé et est devenue une poule hystérique.
Elle ne semble plus s’intéresser qu’à l’allaitement, aux problèmes digestifs et aux rituels de sommeil de Camille.
Christian est laissé pour compte et leur relation touche le fond.
Il n’est pas question d’en parler à sa compagne, qui décourage directement toute indécision.
Il essaie donc de se rendre utile au moins dans la vie de tous les jours : faire les courses, le ménage, etc.
Mais en matière de congé parental et d’égalité des droits, Christian a vraiment imaginé les choses différemment.
Dès qu’il touche Camille ou qu’il essaie de changer sa couche, Manon le critique.
Tout ce qu’il fait est mal et il ne respecte pas les règles de Manon.
En fait, Manon est devenue indifférente aux soirées entre filles qu’elle aimait tant.
Elle préfère rester à la maison plutôt que de laisser Christian s’occuper seul de Camille.
Comment se développe le contrôle maternel ?
Manon n’est pas un cas isolé.
Le phénomène du besoin de contrôle de la mère est si fréquent qu’il a fait l’objet de recherches scientifiques.
Il se produit le plus souvent chez les premiers-nés, mais aussi chez les mères plus âgées.
Le terme décrit la mère comme un videur de boîte de nuit, empêchant systématiquement le père (et parfois d’autres personnes) d’avoir accès à l’enfant.
Plusieurs raisons expliquent pourquoi certaines mères se considèrent comme « la seule experte qualifiée en matière d’enfants ».
Par exemple, certaines femmes estiment que le rôle de la mère est « encore peu reconnu dans notre société, alors que le partenaire qui travaille bénéficie de la reconnaissance nécessaire ».
C’est pourquoi elles veulent le faire savoir : « Je suis très compétente dans ce domaine !
Une autre raison est que les femmes tentent de compenser le manque d’estime de soi en jouant le rôle de la mère parfaite.
Dans la relation exclusive mère-enfant, les mères comme Manon peuvent jouer le jeu, démontrer leur perfectionnisme et renforcer leur confiance en leur pouvoir.
En outre, le contrôle maternel peut se traduire par une lutte de pouvoir dans les relations de couple dysfonctionnelles.
Le conflit tourne souvent autour de la relation entre la mère et le père.
Les thérapeutes spécialisés dans les relations de couple considèrent qu’il s’agit d’un « trouble de l’attachement ».
En conséquence, les mères dépendantes du contrôle sont incapables de s’engager dans des relations avec plus d’une personne, choisissant plutôt de se concentrer sur leurs enfants.
La raison en est souvent à chercher dans l’enfance.
La mère veut contrôler la relation entre le père et l’enfant à un point tel qu’il est impossible d’établir un lien entre les deux.
Le contrôle de la mère pendant la séparation
Dans les cas extrêmes, tels que la séparation, le contrôle exercé par la mère peut conduire à présenter le père comme insensible, indifférent et irresponsable dans sa relation avec ses enfants.
Pour les femmes concernées, il peut s’agir d’une affirmation profonde de leur propre pouvoir.
Certaines de ces femmes ont grandi dans des familles où la répartition des rôles était typique : le père va travailler et les enfants sont sous le contrôle de la mère.
Si ce schéma se répète et que la femme considère son rôle maternel comme une responsabilité aveugle, ce déséquilibre perçu peut entraîner de graves frustrations.
En compensation, elle refusera à son partenaire l’accès à « son territoire ».
Même en cas de garde partagée !
En cas de séparation, le père est généralement isolé des enfants afin de le punir et de les protéger du père.
Ce comportement vise à montrer à l’ex-mari qu’il est défaillant en tant que partenaire et en tant que père.
Quel est l’effet du contrôle maternel sur la relation entre le père et l’enfant ?
Bien sûr, les parents rejetés comme Christian sont frustrés.
Ils ont l’impression d’être des saboteurs et sont tourmentés par la culpabilité.
Ils réagissent généralement en se retirant et en allant à contre-courant, car leur partenaire reste émotionnellement indisponible.
En conséquence, les pères se sentent souvent rejetés et dévalorisés tout en étant impuissants face à leur femme.
Ils perçoivent leurs femmes comme peu aimantes et rejettent strictement les compétences de leurs pères.
Même lorsque le rôle d’expert est utile à ces femmes, les pères ont du mal à les approcher.
L’enfant grandit également sans l’amour du père.
Dès le début, il sent la discorde dans la famille et le rejet de son père à son égard.
Il est donc peu probable qu’il perçoive son père comme une personne digne de confiance et de respect.
Le sentiment d’impuissance de l’enfant risque de se traduire par de graves problèmes psychologiques et interpersonnels.
Que peuvent faire les pères ?
La première chose à faire est d’entamer un dialogue dès le début.
Le partenaire doit reconnaître ses efforts et être clair sur sa place dans la relation.
Il doit rester aussi positif que possible et proposer sérieusement des suggestions qui peuvent l’excuser.
Au lieu de se battre ou de se disputer sur ces questions, il peut être utile d’en discuter calmement.
Au lieu de blâmer sa femme, le père doit s’expliquer pour que sa partenaire comprenne son comportement.
Ils ne doivent pas se défendre, mais ils peuvent sentir les sentiments de leur partenaire et les comprendre.
Il est également conseillé de décider ensemble qui assumera quelles tâches, afin que les responsabilités soient claires à l’avance.
Priorité absolue : toujours agir dans l’intérêt supérieur de l’enfant !
La première chose à faire est de trouver une répartition équitable des tâches et des soins.
Chacun doit s’interroger sur ses propres attitudes et modifier son comportement si nécessaire.
Il est important de s’efforcer de s’occuper de l’autre et de la relation de couple, et pas seulement des enfants.
C’est la base d’une famille efficace.
Et si papa est coupable ?
Le contrôle maternel n’est pas le seul fait de la mère, les pères ont parfois leur part de responsabilité.
Ils ne sont pas sûrs d’eux, surtout dans les premières semaines avec leurs enfants, ce qui signifie souvent qu’ils se retiennent.
Lorsque la mère voit que le père est maladroit, elle panique immédiatement et prend le contrôle total de l’enfant.
Certains pères seront même soulagés que leur femme contrôle les enfants et n’ait pas à montrer sa gêne.
Il a été prouvé que les femmes sont plus empathiques et assertives dans leur travail d’éducation et d’émotion, tandis que les hommes sont plus enclins à exprimer leurs émotions par un comportement protecteur.
Toutefois, il est scientifiquement prouvé que les mères et les pères sont aussi bons les uns que les autres dans leur rôle de parents.
Les nouveaux pères peuvent parfois faire preuve de courage et rechercher activement leur part de force.
La thérapie est une solution possible
Les deux partenaires doivent être ouverts à la thérapie et reconnaître ensemble la nécessité d’une aide professionnelle.
La thérapie de couple s’impose lorsque les positions du couple se sont durcies et qu’il ne peut plus assumer seul son rôle.
Une thérapie individuelle est bénéfique lorsque la catatonie de la mère est liée à une faible estime de soi.
« Mother Control » – que faire ?
Pour Christian, Manon n’est pas prête à se faire soigner.
En attendant, il décide de demander de l’aide à la mère de Manon.
Une troisième personne, objective, pourrait avoir le bon impact.
Paul, quant à lui, ne veut pas rester inactif et envisage une thérapie personnelle.
Il a déjà une adresse.
Peut-être qu’un thérapeute peut l’aider à se réaffirmer.
S’il n’y a aucun signe d’amélioration, le père concerné peut également s’adresser à l’office des mineurs.
Le cas échéant, le tribunal peut aussi obliger le père à avoir un droit de visite, mais ces mesures tendent à étouffer la relation père-fils et ne doivent être envisagées qu’en dernier recours.
Dans tous les cas, il faut faire preuve de beaucoup de patience et de sensibilité dans des situations aussi délicates.
Le temps et de nombreuses conversations aideront souvent la mère à reconnaître ses torts et à s’ouvrir à nouveau au père.