C’est un travail important, une tâche essentielle, que d’être capable de prendre soin de quelque chose – de se laisser aimer – en sachant qu’il va vous quitter.
Au lieu de cela, la plupart d’entre nous se disent que cela durera toujours. Nous faisons un marché avec notre cœur :
« Baisse ta garde, donne librement, et je te promets que ça ne finira jamais. »
Après tout, les meilleurs sentiments viennent d’un endroit pur qui a de la longévité. Mais nous ne comprenons pas que le changement et la perte sont partout, à chaque étape. C’est la seule constante que nous prétendons ne pas exister.
Une amie vient de me parler du chagrin d’amour de sa fille adulte :
« Nous lui avons dit que la vie la prépare à quelque chose de mieux, que tout arrive pour une raison. »
Je n’ai pas pu m’en empêcher :
« Est-ce vraiment le cas ? N’y a-t-il pas des pertes qui ne sont que de simples pertes, sans aucune perspective d’avenir ? »
Lorsque des parents, des circonstances, des bébés à naître ou des amours quittent nos vies, c’est parfois la pire douleur que nous puissions ressentir. Le temps peut la rendre moins aiguë, mais pas meilleure.
Alors, que se passe-t-il si nous acceptons vraiment l’idée d’une perte continuelle ? Et si nous nous levions lors d’un service religieux et que nous nommions tous nos pertes de la semaine ? Et si nous pleurions plus ouvertement, plus souvent ?
Et si nous arrêtions de prendre des engagements à vie, uniquement pour être détruits lorsque l’inévitable se produit ? Et si nous disions aux couples de s’attendre à des fausses couches, aux enfants que leurs animaux domestiques vont mourir, si nous affirmions que ce qui vous rend épanoui et heureux aujourd’hui ne le sera peut-être plus dans cinq ans ? Et si dire au revoir et s’adapter au changement était une compétence que nous travaillions activement ?
Ma fille, à travers ses larmes, dit que c’est un jour doux-amer ; elle aura besoin de quelques jours pour se remettre. Sa mission n’a pas été de s’accrocher, de s’attacher pour le long terme.
C’était de donner de la nourriture, de se blottir, de jouer dans la joie d’un chaton bondissant pendant quelques semaines, de se réjouir de le voir grandir et prendre confiance, et d’effrayer les lapins exprès. (Oui, il y a trop d’animaux dans notre maison !) Elle a compris, dès le début, que rien n’était promis en retour.
Et c’est cette perspective qui peut nous sauver, en rendant cette vie un peu plus douce : rien n’est promis – ni mariage, ni enfant, ni stabilité.
Tout ce qui entre dans notre vie est un cadeau qui, à un moment donné, partira.
Notre défi est d’aimer quand même, avec légèreté, en étant conscient de sa fragilité.