Devenir mère, c’est accepter un changement radical dans sa vie. On s’attend à être plus occupée, à accumuler la fatigue et à consommer plus de café. L’idée d’être sollicitée de toutes parts devient rapidement la norme. Cependant, l’ampleur et la lourdeur du fardeau silencieux d’une maman étaient des aspects auxquels je n’étais pas tout à fait préparée.
L’idée de devenir à la fois la reine du covoiturage, une cuisinière à la demande préparant une demi-douzaine de repas différents pour trois personnes, et la seule apte à organiser les rendez-vous, acheter les cadeaux d’anniversaire ou planifier les sorties m’était inconcevable. Sans parler de devenir le parent par défaut, vers qui se tournent les enfants quelle que soit la proximité d’un autre adulte compétent.
L’épuisement lié à ces attentes silencieuses est tangible. Je rédige ces lignes non pas confortablement installée à mon bureau, mais assise sur une chaise inconfortable lors du rendez-vous dentaire de mon enfant, jonglant entre cet article et l’organisation de la vie familiale. Et pourquoi ne pas travailler une fois rentrée à la maison ? Parce qu’après les rendez-vous, il faut préparer le dîner, aider aux devoirs, gérer le bain des enfants, remplir le lave-vaisselle et, avec un peu de chance, plier le linge accumulé. Et voilà que s’ajoutent les activités extra-scolaires et les playdates à organiser pour les vacances. La liste mentale des tâches à accomplir semble interminable et épuisante.
Et si l’on espère alléger ce fardeau en déléguant certaines responsabilités au conjoint ou en encourageant les enfants à être plus autonomes, la réalité s’avère souvent bien différente. Chaque tentative semble finalement accroître le travail plutôt que de le diminuer.
Ce sentiment de solitude dans l’effort est accablant. L’impression d’être la seule à ressentir cette pression constante, cette culpabilité lorsqu’on doit dire non, pèse lourd. L’amour pour mes enfants est incommensurable, mais il ne me confère pas des super-pouvoirs.
Le travail à domicile, en tant qu’écrivaine indépendante, est souvent dévalué par mon conjoint, comme s’il n’était pas un « vrai travail ». Cette attitude ne se limite pas à ma profession mais englobe l’ensemble des tâches de gestion familiale, perçues comme allant de soi pour une mère.
Gérer un calendrier familial, tenir à jour la liste des courses, répondre aux courriels, organiser les rendez-vous médicaux et remplir les formulaires demande un temps et une énergie considérables. Ces tâches, souvent invisibles, sont pourtant cruciales pour le bon fonctionnement de la maison.
L’idée reçue selon laquelle une femme, en devenant mère et épouse, devient automatiquement la personne de référence pour toutes les tâches ménagères et organisationnelles est une conception dépassée et injuste. Qu’adviendrait-il si chacun devait participer activement à la vie domestique ?
Je ne demande pas la lune. Juste un peu d’aide. Des gestes simples, comme décider du menu du dîner ou débarrasser sa vaisselle, pourraient grandement alléger mon quotidien.
Aux conjoints et partenaires, je vous en prie, prenez le temps de demander à la maman de votre vie comment vous pourriez l’aider. Et aux mamans, sachez que vous n’êtes pas seules. Demander de l’aide pour gérer le quotidien n’est pas un signe de faiblesse. Vous n’êtes pas tenues de porter le monde sur vos épaules simplement parce que vous en avez la capacité.
L’entraide familiale ne devrait pas être l’exception mais la règle. Chacun, à sa mesure, peut contribuer à alléger le poids du fardeau silencieux que portent tant de mamans. C’est ensemble, en partageant les responsabilités et en reconnaissant la valeur de chacun, que nous pourrons transformer le quotidien en une expérience enrichissante et moins épuisante pour tous.