En tant que neuroscientifique et psychiatre utilisant l’imagerie SPECT du cerveau dans ma pratique depuis plus de 30 ans, j’ai répondu à des milliers de questions sur le cerveau. L’une des questions les plus fréquentes que je reçois est la suivante : « Y a-t-il des différences entre le cerveau des hommes et celui des femmes ? »
La réponse rapide est oui. Je sais que cette affirmation peut irriter certaines personnes, mais écoutez-moi bien. Bien que les recherches en imagerie cérébrale montrent que nous sommes aussi intelligents les uns que les autres, nos cerveaux sont câblés différemment.
Les scanners cérébraux fonctionnels comme le SPECT, qui mesure le flux sanguin et l’activité dans le cerveau, révèlent des différences significatives entre le cerveau féminin et le cerveau masculin. Dans l’une des plus grandes études d’imagerie cérébrale fonctionnelle jamais réalisées, notre équipe d’Amen Clinics a comparé 46 034 scanners SPECT du cerveau de plus de 25 000 hommes et femmes. Cette étude, publiée dans le Journal of Alzheimer’s Disease, a révélé des différences fascinantes entre les cerveaux féminin et masculin.
Avant de se plonger dans ces résultats, il est essentiel de se rappeler que les cerveaux féminins ne sont pas tous identiques, tout comme les cerveaux masculins. En outre, d’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre le cerveau des personnes non binaires et transgenres. Ce qui ressort clairement des recherches existantes, c’est qu’en général, les hommes et les femmes sont tous capables de réussir diverses tâches ; cependant, nous pouvons faire appel à des régions et à des réseaux cérébraux différents pour y parvenir.
Voici six différences fascinantes entre le cerveau féminin et le cerveau masculin :
1. Les femmes ont tendance à avoir un cerveau plus actif.
Dans notre étude d’imagerie cérébrale, l’équipe d’Amen Clinics a analysé 80 régions du cerveau. Dans 70 de ces régions, les scans des cerveaux féminins ont révélé une activité significativement plus élevée que celle des cerveaux masculins. Le cerveau des hommes est beaucoup plus calme. Un modèle n’est pas meilleur que l’autre ; ils sont simplement différents. Par exemple, pour résoudre des problèmes, les hommes s’appuient sur une puissance cérébrale localisée, tandis que les femmes ont tendance à exploiter plusieurs zones du cerveau.
2. Les hommes ont tendance à avoir un cortex préfrontal plus endormi.
D’après les résultats de notre étude, les hommes ont tendance à être moins actifs que les femmes dans une zone des lobes frontaux du cerveau appelée cortex préfrontal (CPF). Le CPF joue un rôle important dans la prévoyance, le suivi et le contrôle des impulsions. Une activité plus faible du CPF est associée à une plus grande impulsivité, ce qui peut rendre les hommes plus enclins à prendre des risques en affaires et dans la vie.
3. Les femmes ont un cerveau émotionnel plus actif.
Selon notre étude menée par Amen Clinics, le cerveau des femmes présente des niveaux d’activité plus élevés dans le système limbique, ou cerveau émotionnel. Située sous le cortex, cette partie du cerveau colore nos émotions et est impliquée dans les liens affectifs, la nidification et les émotions. Elle est associée à une plus grande empathie et peut expliquer pourquoi les femmes sont souvent les principales responsables des soins aux enfants et aux personnes âgées.
L’empathie permet aux femmes d’être aimantes et nourricières, mais elle peut aussi se transformer en un sentiment écrasant de devoir s’occuper de tout le monde avant de satisfaire ses propres besoins. Une activité plus importante dans les centres émotionnels du cerveau est également associée à un risque plus élevé de dépression et d’anxiété. Une étude
publiée dans le Journal of Psychiatry & Neuroscience montre que les femmes sont presque deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de dépression, et d’autres recherches suggèrent un risque accru similaire d’anxiété chez les femmes.
4. Le gyrus cingulaire antérieur fonctionne différemment chez les hommes et les femmes.
Dans les lobes frontaux du cerveau se trouve une zone appelée le GCA. Connue sous le nom de changement de vitesse du cerveau, elle vous aide à déplacer votre attention et à reconnaître les erreurs. Une activité accrue de l’ACG augmente la tendance à rester bloqué sur des pensées ou des comportements négatifs et à voir ce qui est mauvais plutôt que ce qui est bon. C’est également l’un des centres d’inquiétude du cerveau. Une activité plus importante à cet endroit, qui, selon notre étude d’Amen Clinics, est plus fréquente chez les femmes, se traduit par plus d’inquiétudes. Bien sûr, cela ne signifie pas que les hommes ne s’inquiètent pas ou ne voient pas les problèmes. Mais les hommes et les femmes ont tendance à s’inquiéter différemment.
Lorsque les femmes s’inquiètent, leur cerveau actif et leur capacité de pensée associative entrent en jeu, ce qui signifie qu’une idée inquiétante se lie rapidement à d’autres pour créer une dynamique qui peut faire boule de neige et devenir incontrôlable. L’inquiétude, si utile à petite dose, peut stresser les femmes au point de blesser le cerveau et le corps et de les empêcher de se reposer. Les inquiétudes des hommes sont plus susceptibles d’être confinées, et ils sont capables de compartimenter leurs problèmes.
5. Les centres de vision et de coordination du cerveau sont plus actifs chez les hommes.
Les lobes occipitaux (situés à l’arrière du cerveau et impliqués dans la vision) et le cervelet (une zone située à l’arrière, en bas du cerveau, qui est impliquée dans la coordination physique) sont plus actifs chez les hommes. Cela peut expliquer pourquoi les hommes sont généralement plus aptes à évaluer les distances, par exemple.
6. L’intuition des femmes se trouve dans le cerveau, pas dans les tripes.
Une zone située dans les lobes frontaux, appelée l’insula, est impliquée dans la traduction des sensations physiques externes et des pensées subconscientes qui jouent un rôle dans les sentiments et l’intuition. L’insula est plus grande chez les femmes que chez les hommes. Le cerveau féminin est généralement plus rapide pour évaluer les pensées des autres sur la base d’informations limitées, d’intuitions et de pressentiments. L’intuition permet aux femmes de saisir rapidement des informations qui ne sont pas forcément évidentes ou faciles à justifier par la logique. L’intuition peut réveiller des peurs anxiogènes car vous « savez » que quelque chose ne va pas sans vous assurer de le vérifier ou d’obtenir plus d’informations.