La mort nous sourit à tous ; tout ce que nous pouvons faire, c’est lui sourire en retour. » ~Marcus Aurèle
Récemment, par un samedi à ciel bleu magnifique, j’ai assisté à ma première « veillée engagée. »
Ma chère amie a accueilli l’amour et les soins de l’hospice, et elle et sa famille souhaitaient organiser une célébration.
Le sens du terme « engagé » signale une prise de conscience de l’action sociale, avec un accent sur le racisme et les préjugés dans notre culture. Elle souhaitait également être « éveillée » à l’expérience de sa propre veillée. Plus important encore, sa fête était une expression honnête de sa prochaine mort. Sa reconnaissance était courageuse.
Nous partageons ouvertement des moments heureux liés à la naissance, et oui, il y a une profonde tristesse dans la mort, mais ne mérite-t-elle pas autant de reconnaissance ? Le silence ne fait qu’aggraver le voyage.
Dans ses lunettes roses, se déplaçant avec tant de grâce lors de la fête, elle a porté sa vérité avec fierté. Son cœur est rempli mais est devenu si faible.
Il y avait des assiettes de délices avec du brie décorant des betteraves, des bols de fruits d’automne ornés de kakis et de grenades, des assiettes de brownies à la citrouille et de pains, des chips trouvant des trempettes, des rires trouvant des larmes.
Elle préférait que nous ne trinquions pas et ne partagions pas d’histoires. Au lieu de cela, c’était à la fois une célébration du « Bon Voyage » et du « Bienvenue à la Maison ». Le voyage est universel pour nous tous. La maison se transforme en bras tendus de la communauté aimante et, comme l’a écrit Ram Dass, « Nous nous aidons tous mutuellement à rentrer chez nous. »
Le matin où mon père est décédé, juste avant ses quatre-vingt-quinze ans, j’ai parlé avec lui au téléphone alors qu’il gisait dans son lit d’hôpital. La dernière chose qu’il a dite de sa voix forte mais rauque, avant de raccrocher, a été : « Eh bien, je dois y aller, ma chérie. »
Nous devons tous « y aller », mais le privilège que certains d’entre nous ont de planifier comment partir est un cadeau. Beaucoup n’ont pas cette chance en raison de différences économiques, sociales et culturelles éventuelles.
Mais pour beaucoup d’entre nous, il existe des plans concrets que nous pouvons établir en rédigeant nos testaments, en désignant notre mandataire médical, notre exécuteur testamentaire financier, en prenant des décisions concernant la non-réanimation (DNR) et le maintien en vie. Nous pouvons désigner qui héritera de nos biens et de nos objets de famille. Nous pouvons décider des détails concernant un enterrement traditionnel, la crémation, voire même la compostion du corps, un processus qui transforme le corps en terre pour le restituer à la nature.
Prendre en main nos affaires de manière concrète semble plus simple que d’avoir une conversation sur notre propre mort ou celle de nos amis, de notre famille et de nos parents vieillissants.
Melanie Klein, une psychologue britannique bien connue, estime que la peur de la mort est la source de l’anxiété. Qu’on croie en cette prémisse ou non n’a pas une grande importance. Mais la vérité est que nos sentiments à propos de la mort sont souvent enfouis en nous. Pourtant, la discussion peut atténuer notre anxiété alors que nous faisons face aux préoccupations existentielles concernant notre mortalité.
Je fais partie d’un groupe intime de six autres femmes où nous discutons du vieillissement, de la vie et de la mort. Parfois, nous discutons du livre que nous lisons, mais plus souvent, nous partageons nos espoirs, nos rêves et nos craintes pour l’avenir. À mesure que notre peau s’adoucit avec l’âge, notre « peau fine » nous rend plus sensibles aux questions liées à la mort.
Il y a souvent des préoccupations quant à la dépendance et le désir de ne pas être un fardeau pour ceux qui s’occupent de nous. Et qui prendra soin de nous ? Serons-nous financièrement à l’aise ? Comment nos corps et nos esprits résisteront-ils dans les années à venir ? Nous discutons également de nos inquiétudes concernant ceux que nous laisserons derrière nous. Comment les enfants feront-ils face ?
Ce sont des sujets difficiles. Mais être en communauté tout en exprimant nos sentiments et en posant ces questions peut nous faire sentir moins seuls. Si possible, ouvrir la discussion avec nos proches est important. Et l’espoir est que lorsque notre heure viendra, nous serons tous mieux préparés et aurons obtenu des réponses à certaines de nos questions.
Ceux qui nous quittent avant nous deviennent souvent nos enseignants. En participant à des commémorations et des veillées, nous reconnaissons que nous continuerons à dire adieu à nos proches et inévitablement à nous-mêmes. La façon dont ceux qui nous ont précédés gèrent cet adieu nous éduque souvent sur la manière dont nous aimerions terminer notre propre voyage, de manière similaire ou différente. Mais cela nécessite une conversation, quelque chose que l’on évite trop souvent.
Mon amie m’a beaucoup appris, notamment sa dévotion envers ses enfants adultes et son honnêteté envers eux. Je veux que mes enfants sachent qu’ils s’en sortiront très bien dans la vie, quelles que soient les embûches qui se présentent. Et je promets de ne jamais être loin.
On dit que l’acceptation de l’inéluctabilité de la mort nous aide à comprendre que nous ne faisons que passer un court instant. Cette prise de conscience nous rappelle d’apprécier la vie et d’en faire une belle visite.
J’ai embrassé mon amie en lui disant au revoir et en la remerciant d’avoir organisé une belle célébration. C’était une belle visite avec une table abondante. Peut-être que c’est ce que nous pouvons tous espérer lorsque la fête se termine et que les lumières s’éteignent.