J’ai passé tant d’heures dans le noir à côté de mon enfant agité et insomniaque, priant pour qu’il s’endorme enfin.
Lorsque les choses se corsent, je me cache sous les couvertures avec mon téléphone sur le réglage le plus sombre et je fais défiler les messages Facebook, en espérant que mon enfant à moitié endormi ne remarque pas ce que je suis en train de faire.
D‘autres nuits, ce n‘est pas si difficile. En fait, c‘est parfois très beau.
Il peut y avoir quelque chose de magique et d‘intime à se coucher là où se trouvent mes enfants, entre l‘éveil et le rêve.
Parfois, mes enfants se blottissent contre moi dans l‘obscurité et je sens leurs petits visages chauds contre mon cou ou leurs petits cœurs qui battent à tout rompre dans leurs petites poitrines et j‘ai envie de sangloter de gratitude.
Lorsqu‘ils s‘endorment, ils vident leur cœur et disent les choses qu‘ils gardent pour eux lorsqu‘ils sont éveillés.
J‘ai entendu tous les arguments expliquant pourquoi le fait de rester allongé avec les bébés jusqu‘à ce qu‘ils s‘endorment est une mauvaise habitude. C‘est une habitude qu‘il faut cesser d‘avoir lorsque les enfants sont bébés.
- Mais que se passe–t–il si vous ne le faites jamais ?
- Et si vous bercez votre bébé tous les soirs ou si vous l‘allaitez ?
- Et si, lorsqu‘ils sont plus grands, vous leur tenez la main ou leur tapotez le dos jusqu‘à ce qu‘ils s‘endorment ?
- Et si, même lorsqu‘il a dépassé ce stade, il vous demande de rester avec lui et de l‘apaiser par votre présence jusqu‘à ce qu‘il s‘endorme ?
Vous vous demandez peut–être : Comment apprendront–ils à se calmer sans vous ?
Comment apprendront–ils à s‘endormir sans vous ? Êtes–vous en train de créer des enfants qui n‘apprendront jamais à fonctionner sans vous ?
La réponse à cette dernière question est claire : de nombreuses études ont montré que plus les enfants sont attachés, plus ils sont sûrs d‘eux et indépendants. Quand on y pense, c‘est logique : quand on donne de la sécurité aux enfants, ils prennent confiance en eux et peuvent fonctionner facilement dans le monde. Je ne pense pas que cela signifie que toutes les familles doivent coucher leurs enfants tous les soirs avant le coucher. Il existe de nombreuses façons d‘élever des enfants en sécurité, et ce n‘est certainement pas une obligation.
Mais je sais aussi qu‘il n‘y a aucune raison de ne pas savoir si c‘est ce qui fonctionne dans votre famille, et ce n‘est pas parce que vous permettez à vos enfants d‘avoir cette habitude qu‘ils ne s‘adapteront pas lorsque vous n‘êtes pas là ou qu‘ils n‘apprendront jamais à s‘endormir tout seuls.
Je vais au lit avec mes enfants parce qu‘ils le veulent, parce que c‘est quelque chose que nous avons toujours fait et parce que, même si je regrette souvent les 10 à 20 minutes d‘attente supplémentaires, ce n‘est en fait qu‘une poignée de minutes de ma journée, mais c‘est très important pour mes enfants.
Je vais au lit avec eux parce qu‘entre l‘école, le travail, les repas, les devoirs et les autres responsabilités, nous avons rarement des moments de silence et de proximité aussi profonds que ceux–ci.
Je vais au lit avec eux parce qu‘il y a eu de nombreuses nuits, ces dernières années, où mon aîné n‘a pas eu besoin de moi et m‘a littéralement poussé hors de sa chambre pour s‘endormir tout seul. Mais je me couche aussi avec lui les soirs où il est stressé, contrarié ou a simplement besoin de moi sans savoir pourquoi.
Je me couche avec lui parce que je sais que les jours où il aura besoin de moi sont comptés.
Je me couche avec les garçons parce que je sais qu‘on apprend généralement aux garçons à être plus durs, à réprimer leurs besoins et leurs désirs, et je pense que c‘est une façon dangereuse pour les garçons (et les hommes) de fonctionner.
Je vais au lit avec eux parce qu‘ils me le demandent et parce que j‘en ai envie.
Oui, parfois, à la fin de mes longues journées de mère, c‘est le dernier endroit où j‘ai envie d‘être. Oui, il m‘arrive d‘être agitée, affamée, fatiguée. Il m‘arrive de serrer les dents pour ne pas pleurer de frustration.
Mais je sais aussi que ce sont ces minutes où mes enfants s‘endorment dans la sécurité de mes bras ou de ma présence qui comptent le plus pour eux et pour moi. Et je ne les échangerais pour rien au monde.