« Le mode survie est censé être une phase qui aide à sauver votre vie. Ce n’est pas censé être la façon dont vous vivez. »
Michele Rosenthal
L’enfance est la période la plus chérie pour beaucoup. Cependant, personne n’arrive à l’âge adulte indemne. Nous vivons tous des incidents avec nos amis, notre famille, à l’école ou ailleurs, qui nous laissent des traces ou des cicatrices émotionnelles.
Ayant grandi dans un foyer où mes parents étaient occupés à élever trois enfants et à travailler dur pour améliorer leur situation économique, je me suis senti négligé à un moment donné. Non pas qu’ils aient fait quelque chose d’intentionnel, mais j’étais souvent tourmentée, voire submergée, par le sentiment d’être incomprise, seule, pas assez bonne et généralement pas méritante.
Ce n’est qu’après des années à faire plaisir aux gens, à choisir un mauvais diplôme de maîtrise et à gravir les échelons d’une entreprise avec un excellent emploi, que les sentiments refoulés ont éclaté comme un volcan. Le résultat ? Cela m’a rendu physiquement malade avec des allergies, des douleurs corporelles constantes et des éruptions cutanées qui ne me permettaient pas de dormir, me poussant à une dépression complète.
C’est alors que j’ai réalisé que mon corps essayait de me parler. Il me donnait des signes avant-coureurs depuis l’enfance.
Je pleurais beaucoup, ce qui me valait d’être qualifiée de sensible. J’étais souvent malade, et mes parents me traitaient de « faible ». Je criais et hurlais ou je me renfermais dans ma chambre. Dans tous les cas, ils me disaient de ne pas être aussi réactif. C’est devenu un cercle vicieux : je me sentais accablée et je me détestais de ne pas me comporter de façon normale.
De retour à ma dépression à l’âge adulte, allongée sur le sol en sanglotant, j’ai décidé que je voulais quitter mon travail et me consacrer à la psychologie. Le chemin n’a pas été facile, mais l’étude de ce sujet m’a néanmoins aidé à comprendre pourquoi j’étais comme ça.
Il s’est avéré que je n’étais pas du tout surréactive ou sensible. J’étais en mode de survie, et mon corps et mon esprit percevaient tout comme une menace. Mon corps essayait de me protéger de tout ce qui était différent en me mettant dans un état de combat, de fuite ou de congélation. Mon esprit était généralement hyper vigilant quant aux humeurs et aux réactions des autres. Mon corps ne savait donc pas comment se détendre, et il s’est épuisé au fil des ans.
Notre corps est conçu pour faire face aux menaces et revenir ensuite à un mode de relaxation. Cependant, lorsque notre esprit est incapable de traiter, de réguler ou de tolérer de grandes émotions, il se met en mode « toujours sur ses gardes » pour nous protéger. Cependant, cette protection se transforme en notre propre ennemi lorsque nous ne parvenons pas à désactiver les sonneries d’alarme, et nous finissons par vivre dans l’anxiété.
La cerise sur le gâteau, c’est que nous vivons souvent dans cet état pendant tellement d’années qu’il commence à nous sembler normal et confortable. Nous avons alors envie d’un drame et nous attirons des amis et des partenaires qui nous déclenchent, pour ensuite repartir en vrille, ce qui nous maintient dans un état de charge émotionnelle.
Mais il existe un moyen de s’en sortir. Il faut des efforts et du courage pour recâbler notre esprit et notre corps afin qu’ils fonctionnent de manière optimale et que nous vivions une vie plus satisfaisante, mais c’est possible.
Le parcours de chacun est unique, et nous devons tous trouver ce qui fonctionne le mieux pour nous. Toutefois, voici quelques éléments qui ont fonctionné pour moi. J’espère sincèrement qu’elles pourront vous être utiles si vous êtes en résonance avec mes expériences.
- Rappelez-vous que vous pouvez faire face à tout ce qui se passe.
Lorsque nous sommes en mode survie, nous créons des histoires inutiles dans notre tête et prévoyons les pires résultats possibles afin de nous protéger. La clé pour se débarrasser de notre besoin de protection basé sur la peur est d’accepter que nous ne pouvons pas tout contrôler. Aucune inquiétude ne peut garantir que rien ne nous fera du mal.
Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous pencher sur ce qui est en notre pouvoir, puis choisir consciemment des pensées qui nous donnent du pouvoir. Rappelez-vous que même si les choses ne se déroulent pas comme vous l’aviez prévu, vous pouvez les gérer et vous serez en sécurité.
- Reconnectez votre cerveau par la prise de conscience.
Demandez-vous régulièrement si ce sont vos pensées qui créent vos émotions ou si ce sont vos émotions qui créent vos pensées. Vous serez étonné de constater que notre esprit crée des affirmations qui nous amènent à ressentir une certaine chose.
Par exemple, si un ami ne répond pas à un SMS ou à un appel, vous pouvez inventer des histoires sur le fait que vous avez peut-être dit quelque chose qui l’a contrarié ou que quelque chose ne va pas chez lui, et cela suscite des émotions chez vous en conséquence. Si vous pensez qu’ils sont simplement occupés, vous ressentirez les choses différemment. Entraînez-vous à prendre conscience de vos histoires pour ne pas paniquer devant des pensées qui ne sont probablement pas des faits.
- Observez votre corps.
Votre corps s’exprime de manière subtile. Vérifiez toujours ce que vous ressentez vraiment. Y a-t-il une tension quelque part, votre cœur bat-il plus vite, votre mâchoire est-elle serrée ? Lorsque vous êtes curieux de vos sensations physiques, vous commencez à reconnaître les moments où vous êtes sous le coup d’une charge émotionnelle due à une réaction à une menace perçue. Cela vous permet de calmer votre système nerveux de manière proactive, peut-être en respirant profondément, en caressant votre chien ou en sortant dans la nature.
- Soyez compatissant envers vous-même.
Ce n’est pas un voyage facile, et vous devez faire preuve de compassion envers vous-même. Vous avez fait de votre mieux pour survivre, et il est maintenant temps de devenir conscient pour pouvoir vous épanouir.