On a beaucoup parlé de selfies dans les médias. En fait, le mot selfie a récemment été ajouté au dictionnaire en ligne d’Oxford. Mais les psychologues en savent très peu sur les effets des selfies ou sur les personnes qui les publient. Une nouvelle étude parue dans un prochain numéro de Personality and Individual Differences a examiné la relation entre la publication de selfies, la retouche de photos et la personnalité.1 Les personnes qui publient des selfies sur des sites de médias sociaux sont-elles narcissiques et psychopathes, ou se objectent elles-mêmes, ou les deux?
Dans cette étude, les auteurs ont examiné l’objectivation de soi, ainsi que trois traits de personnalité, appelés «triades sombres»: le narcissisme, la psychopathie et le machiavellisme. Ils sont appelés «sombres» parce qu’ils ont une connotation presque diabolique et qu’ils sont associés. avec une manière calleuse et manipulatrice d’interagir avec d’autres personnes.3
Narcissisme: extrême égocentrisme et vision grandiose de soi. Les narcissistes ont un besoin excessif d’être admirés par d’autres et ont le sentiment d’y avoir droit. Ils sont susceptibles d’être d’accord avec des affirmations du type «Je suis plus capable que la plupart des gens» et «Je vais généralement me vanter si j’en ai la chance».
Psychopathie: impulsivité et manque d’empathie.
Machiavélisme: Manipulation sans rechercher les besoins des autres. Ceux qui sont haut placés à ce sujet ont tendance à se préoccuper peu de la morale.
L’objectivation de soi: Il s’agit d’une tendance à considérer votre corps comme un objet basé sur sa valeur sexuelle. Ceux qui sont élevés dans l’objectivation de soi ont tendance à se voir dans leur apparence physique et fondent leur estime de soi sur leur apparence.
Pour examiner l’association entre selfies et personnalité, Fox et Rooney ont utilisé des données provenant d’un échantillon représentatif de 1 000 hommes âgés de 18 à 40 ans au niveau national.1 Les participants ont rempli des questionnaires sur la personnalité évaluant la triade obscure et l’auto-objectification. On leur a demandé combien de selfies ils avaient pris et postés sur les médias sociaux au cours de la dernière semaine, ainsi que combien de photos ils avaient postées et combien de temps ils ont passé sur les sites de médias sociaux. Ils ont également été invités à évaluer la fréquence à laquelle ils utilisaient diverses méthodes pour améliorer leur apparence sur les images, tels que le recadrage, le filtrage et les retouches.
Les résultats ont montré que le narcissisme et l’auto-objectification étaient associés à une utilisation prolongée des sites de réseautage social et à davantage de retouche photo. L’affichage de nombreux selfies était lié à la fois à un narcissisme plus élevé et à une psychopathie, en contrôlant le nombre total d’autres types de photos postées. Le machiavélisme n’était pas lié au comportement photographique lors de la prise en compte de ces autres variables.
Cette étude suggère que les narcissiques sont plus susceptibles de se montrer avec des selfies et de faire un effort supplémentaire pour être à leur meilleur sur ces photos. Il est intéressant de noter que les hommes psychopathes ont publié plus d’autos selfies, mais n’ont pas tendance à les éditer plus que leurs homologues moins psychopathes. Les auteurs de l’étude ont émis l’hypothèse que c’est peut-être parce qu’ils manquent de maîtrise de soi et ne filtrent pas vraiment ce qu’ils ont mis sur Facebook – la retouche de photos suggère un niveau de présentation de soi prudent que vous auriez peu de chance de trouver parmi les personnes atteintes de psychopathie.