« L‘esprit humain est un processus relationnel et incarné qui régule le flux d‘énergie et d‘information. ~Daniel J. Siegel
Nous sommes des créatures émotionnelles et nous sommes nés pour exprimer nos émotions librement et ouvertement. Pourtant, quelque part, beaucoup d‘entre nous ont appris à réprimer leurs émotions, en particulier celles qui sont considérées comme « négatives« , afin de s‘adapter, de gagner l‘amour et d‘être acceptés. C‘est ce que j‘ai vécu.
J‘ai grandi dans une famille où la devise était « les enfants doivent être vus, pas entendus« . L‘expression émotionnelle, sans parler de l‘acceptation, n‘était guère autorisée. Personne n‘était là pour nous valider ou nous aider à gérer nos émotions de manière saine. On répondait à la colère par la colère, on ne reconnaissait pas la peur et il y avait beaucoup de honte.
Mes parents ne m‘ont pas montré comment gérer les émotions difficiles parce qu‘ils avaient eux–mêmes du mal à les gérer. Lorsque ces émotions surgissaient, je me sentais souvent dépassée et inadéquate, et j‘avais honte de ne pas être une « bonne fille« .
J‘ai appris à enfouir ma douleur au plus profond de moi–même, me sentant négligée, honteuse, en colère, seule et incapable de demander ce dont j‘avais besoin. J‘ai essayé de cacher la douleur aux autres et à moi–même, j‘ai construit des murs, j‘ai mis un masque et j‘ai tenu bon. Pour le meilleur et pour le pire.
Ma douleur était enfouie si profondément que je n‘en ai réalisé l‘existence que lorsque j‘ai eu un enfant. La maternité a révélé de vieilles blessures, le château de cartes s‘est effondré et j‘ai commencé à m‘effilocher.
Au milieu de la trentaine, confrontée à une anxiété croissante et à une dépression rampante, j‘ai commencé à faire face à des souvenirs refoulés et aux vestiges de vieilles émotions qui m‘ont fait souffrir du syndrome de stress post–traumatique, de douleurs dorsales chroniques, de sciatique, de maux de tête et d‘anxiété.
Enfant, j‘échappais à la douleur émotionnelle en me plongeant dans le monde des livres, de la musique et de l‘université. En tant qu‘adulte, je me rends compte que je suis assez forte pour y faire face. Je ne suis plus une enfant ; je n‘ai plus à me cacher. Je suis maintenant plus mature et j‘ai les ressources nécessaires pour affronter enfin la douleur qui a submergé mon jeune cerveau et commencer à la guérir.
La vérité est que nous cachons tous nos émotions à l‘occasion. Nous faisons semblant, nous évitons et nous nions les émotions désagréables afin de nous protéger par un mécanisme de défense.
Nous le faisons le plus souvent avec des émotions difficiles telles que la honte, la peur ou la colère. Lorsque nous vivons des événements qui nous submergent émotionnellement et que nous sommes incapables de traiter ce qui se passe, d‘accepter nos émotions et de les exprimer par le biais de notre corps et de notre esprit, nous les cachons au plus profond de nous–mêmes afin que les autres ne puissent pas les voir. Et nous finissons par nous les cacher à nous–mêmes. Et pourtant, elles sont toujours là.
Les émotions non résolues sont piégées dans notre corps, où elles s‘accumulent et s‘enveniment, drainant notre énergie et conduisant à l‘épuisement, au déséquilibre émotionnel et, en fin de compte, à la maladie. Lorsque nous réprimons nos émotions pendant de longues périodes, nous créons de la toxicité dans notre corps, notre esprit et notre cœur.
Cette énergie émotionnelle non traitée est stockée dans nos organes, nos muscles et nos tissus. Elle entraîne des inflammations et des problèmes de santé chroniques et nuit à notre santé générale.
3 étapes pour gérer l‘énergie émotionnelle bloquée dans votre corps
Le contraire de la répression est l‘expression. Pour faire face à notre détresse émotionnelle et la faire sortir de notre corps afin qu‘elle n‘y reste pas, nous devons apprendre à exprimer nos émotions de manière saine dans notre corps et notre esprit. Mais d‘abord, nous devons apprendre à reconnaître et à accepter nos sentiments tels qu‘ils vont et viennent.
Étape 1 : Prise de conscience (conscience de soi)
Le défi consiste à reconnaître l‘émotion et à la ressentir dans son corps. C‘est là que la pensée positive entre en jeu. L‘objectif est de remarquer ce qui se passe dans notre corps, de l‘accepter et de le ressentir pleinement sans jugement.
Si vous avez déjà été exposé aux enseignements de Tara Brach sur l‘acceptation radicale, la pratique R.A.I.N. devrait vous sembler familière. R.A.I.N. signifie reconnaître, permettre, investiguer et nourrir (avec auto–compassion), et elle « vous libère directement de la résistance aux habitudes que vous vivez dans le moment présent« , selon Brach.
Les enseignements bouddhistes nous apprennent que la souffrance humaine est causée par l‘aversion et la résistance à ce qui se passe. L‘acceptation est une forme de libération et la pratique du R.A.I.N. nous apprend à accepter ce que nous vivons à chaque instant, plutôt que de le fuir. Elle nous apprend à faire face à toute difficulté avec compassion et compréhension, car elle finira par passer.
Nous devons la ressentir pour la guérir – nous devons vivre pleinement l‘émotion afin de la traiter et de l‘intégrer dans notre expérience.
Mais nous devons la ressentir dans notre corps ; c‘est là le point essentiel. Comme l‘écrit Brach, « si le processus d‘intégration des émotions difficiles dans la conscience repose sur le niveau de la cognition sans expérience physique complète, alors la véritable acceptation, la compréhension et la liberté intérieure qui sont l‘essence d‘une véritable guérison ne seront pas complètes« .
Pratiquez la pensée positive pour devenir plus conscient de vos sentiments et observez les sensations physiques associées à ces sentiments lorsqu‘ils vont et viennent au cours de la journée. Faites preuve d‘auto–compassion lorsque vous éprouvez des émotions plus difficiles.
Pratiquez :
Asseyez–vous en silence pendant quelques minutes, les yeux fermés. Écoutez votre corps et devenez curieux.
Comment votre corps se sent–il en ce moment ? Y a–t–il des tensions ou des picotements ? Où se trouve–t–il ? Vous sentez–vous lourd, chaud, contracté, tiède ou froid ? Quelle est la texture, le poids et la forme des sensations que vous observez dans votre corps ? Quelles émotions sont associées à ces sensations ? Pouvez–vous respirer dans les parties qui attirent votre attention ? Qu‘est–ce que ces parties de votre corps essaient de vous dire ? Que veulent–elles ?
Étape 2 : Répondre (expression personnelle)
Les émotions ont besoin d‘être exprimées pour être traitées. L‘objectif est de faire passer l‘énergie de l‘émotion dans le corps et de la faire sortir du corps afin de pouvoir la laisser partir.
Cette expression doit être authentique et incarnée. Rappelez–vous que la véritable guérison se produit lorsque le corps et l‘esprit fusionnent, c‘est pourquoi il faut d‘abord exprimer l‘émotion au niveau physique.
Restez assis et demandez–vous : Qu‘est–ce que cette émotion à laquelle vous venez de vous connecter exige de vous ? Qu‘est–ce qui vous semble juste en ce moment ? De quoi avez–vous besoin ?
Peut–être sentez–vous le besoin de pleurer, de crier dans un oreiller, d‘aller nager, de marcher ou de courir, de danser, de frapper un sac de sable, de jardiner, de faire du tapping, du yoga ou du TRE, de peindre vos émotions, ou simplement de faire face au soleil et de respirer profondément – quelle que soit la sensation cathartique que vous ressentez à ce moment–là, allez–y.
Vous libérerez les émotions toxiques qui sont en vous et vous vous libérerez de leurs entraves.
Après cette étape, vous pouvez vous livrer à l‘une des meilleures formes de guérison émotionnelle : la rédaction d‘un journal. L‘écriture peut être une expérience très thérapeutique de découverte de soi, de reconnexion avec notre vrai moi et de traitement de nos sentiments et émotions les plus profonds.
Lorsque nous écrivons, nous donnons une voix à notre monde intérieur. Nous traitons et donnons un sens à ce qui se passe en nous et autour de nous. En écrivant sur nos peurs et nos blessures, nous pouvons les voir de loin, nous détacher de leur emprise et finalement les laisser partir. Cette libération est une véritable guérison.
Tenez un journal quotidien pour mieux exprimer et traiter vos sentiments. Ne vous censurez pas et ne vous jugez pas ; laissez tout sortir, sans filtre. Au fil du temps, votre journal deviendra un espace sûr qui vous permettra de vous libérer, de vous déconnecter et d‘aller de l‘avant.
Souvent, nous n‘avons ni le temps ni l‘espace pour traiter nos émotions dans l‘instant, alors assurez–vous de vous donner l‘espace nécessaire pour ressentir les émotions de la journée et écrivez dans votre journal à la fin de chaque journée.
Exercice d‘écriture
Quelle est la chose dans votre vie actuelle que vous aimeriez pouvoir changer ? Quelle est la plus grande source de frustration ? Pendant que vous écrivez, remarquez ce que vous ressentez dans votre corps. Remarquez les parties qui sont engourdies, douloureuses ou gelées. Qu‘essaient–elles de vous dire ? Qu‘est–ce qui a besoin de guérison, d‘attention ou de changement ?
Étape 3 : Réinitialisation (soins personnels)
Si nous avons eu l‘habitude de négliger notre corps et d‘ignorer nos émotions, nous devons nous réengager à prendre soin de notre corps et de notre esprit et nous immerger dans des habitudes de guérison qui nous procurent un sentiment de bien–être.
L‘objectif est de se réaligner sur notre moi authentique, de se réinitialiser à un état de relaxation et d‘ouverture, et de revenir à un état de santé et d‘équilibre.
Prenez le temps de ralentir, de vous isoler, de sortir dans la nature, de faire de l‘art, d‘écouter de la musique en préparant votre dîner préféré, de méditer pour nettoyer votre esprit et détendre votre corps, de prendre un bain moussant ou de faire une sieste pour récupérer. Prenez soin de vous et éveillez–vous à la joie et aux plaisirs simples de la vie qui nourriront votre corps, votre esprit et votre âme.
Mon propre parcours de guérison
Lorsque j‘ai décidé de prendre en charge ma propre guérison, je ne savais pas du tout par où commencer. Rat de bibliothèque depuis toujours, j‘ai vite découvert que l‘écriture était une forme de thérapie. Elle est devenue mon sanctuaire, un endroit où je pouvais me connecter à mon monde intérieur de manière authentique. L‘écriture est devenue mon moyen le plus sûr de faire face à des émotions que je ne savais même pas que je cachais à l‘intérieur depuis mon enfance. J‘ai découvert la honte, la colère, la peur, le chagrin et finalement l‘auto–compassion.
Grâce à la pensée positive, j‘ai appris à laisser ma douleur remonter à la surface, ne serait–ce que pour un court instant, puis à l‘entourer d‘amour et d‘attention. Ma douleur fait partie de moi et j‘ai cessé de la fuir ; il est temps pour moi de l‘affronter.
J‘ai appris à percevoir mon corps petit à petit, car l‘angoisse de me reconnecter à mes sensations physiques est très forte. Mais j‘ai compris que la seule issue était de passer par mon corps. Pour libérer les émotions bloquées qui me tenaient fermement sous leur emprise depuis des décennies, j‘ai dû les autoriser et les accepter, j‘ai dû ressentir de la colère, de la honte et de la tristesse.
Lentement, j‘ai appris à donner à mon enfant intérieur le soutien qu‘il n‘avait jamais reçu. J‘ai écouté et validé sa douleur – et je l‘ai aidée à s‘en débarrasser. J‘ai appris à l‘aimer et à l‘accepter. J‘ai également appris à m‘aimer et à m‘accepter.
La guérison est un processus laborieux. N‘oubliez pas de vous accorder toute l‘attention et la compassion dont vous feriez preuve à l‘égard d‘un ami qui accomplit ce dur labeur. Faites preuve de compréhension, d‘amour et d‘attention envers vous–même. C‘est un travail difficile et vous faites de votre mieux avec ce que vous avez.
Les émotions piégées entravent notre travail. Elles sabotent nos efforts pour créer la vie que nous voulons et nous rendent malheureux. Libérer ces énergies émotionnelles coincées dans notre corps peut changer notre vie de façon positive. C‘est un processus de guérison et de libération. Et vous en êtes digne !